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L'amanite tue-mouche, Amanita
muscaria, est un champignon hallucinogène appartenant à
la famille des Agaricacées (comme le champignon de Paris). Il est
largement répandu dans l’hémisphère nord jusqu’à
des latitudes très septentrionales et jusqu’à 2 100 m d’altitude.
Il pousse dans les sous-bois, notamment à proximité des bouleaux
et des conifères avec lesquels il forme des mycorhizes. En Europe
de l’ouest, on le trouve de fin août à fin novembre.
Son nom provient du Grec Amanos,
une montagne de la Cilicie où il était abondant. Il est aisément
identifiable avec son chapeau rouge, convexe, d’une dizaine de centimètres
de diamètre couvert de petites verrues blanches devenu le symbole
des champignons. Le pied de couleur blanche se termine à la base
par un bulbe arrondi entouré de bourrelets et porte un anneau. L’homme
exploite depuis des temps immémoriaux ses propriétés
hallucinogènes pour modifier sa conscience au cours de rituels chamaniques. |
Amanite tue mouches
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L’amanite tue-mouches contient
plusieurs alcaloïdes : la muscarine a été le premier
alcaloïde à en avoir été isolé il y a
un siècle. Elle n'a pas d'effet psychotrope à la concentration
où on la trouve dans le champignon. C'est un agoniste de certains
récepteurs de l'acétylcholine appelés pour cette raison
récepteurs muscariniques.
Le principal alcaloïde
psychoactif du champignon est le muscimol, 3-hydroxy-5-aminométhyl
isoxazol. Le muscimol est hallucinogène à des doses de 10
à 15 mg. C’est un puissant agoniste du neurotransmetteur GABA. Peu
concentré dans le champignon frais, sa concentration augmente lors
du séchage car il se forme par décarboxylation (perte d'une
molécule de CO2)
d'un autre alcaloïde de l'amanite tue-mouches, l'acide iboténique.
Ce dernier, qui est un acide aminé, est présent dans l’amanite
tue-mouches à une concentration de 0,03 à 0,1 %, plus élevée
que celle du muscimol dans le champignon frais. L’acide iboténique
est hallucinogène par voie orale à des doses d'une centaine
de milligrammes. Il est donc cinq à six fois moins actif que le
muscimol. La transformation de l'acide iboténique en muscimol lors
du séchage rend compte du fait que l'amanite tue mouches est consommée
séchée plutôt que fraîche lors des cérémonies
chamaniques. La muscazone, un autre alcaloïde du champignon
qui a des propriétés sédatives et hypnotiques se forme
également à partir de l'acide iboténique. Ainsi, au
cours du séchage du champignon, la concentration en acide iboténique
diminue tandis que la concentration en muscimol et en muscazone augmente. |
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L'amanite tue-mouches exerce trois
actions principales : toxique, due à la muscarine ; hallucinogène,
due au muscimol et à l’acide iboténique ; sédative
et hypnotique due à la muscazone. Sa consommation reproduit les
symptômes d’une affection gastro-intestinale bénigne et produit
un état d’ivresse accompagné d’hallucinations et d’agitation
motrice. Les hallucinations peuvent être de nature psychédélique
comme celles provoquées par les hallucinogènes psychédéliques
(LSD,
mescaline
etc.) mais elles peuvent aussi être beaucoup plus construites comme
celles provoquées par les alcaloïdes des Solanacées.
L’agitation motrice se traduit par des gesticulations, des chants et des
rires et peut être interrompue par des périodes de dépression.
Les effets se terminent au bout de quatre à huit heures par un profond
sommeil et des maux de tête se déclarent au réveil. |
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